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par Native Instruments

Tiffany « Delilah » Miranda nous parle de la création de Girls Make Beats et du Community Drive 2021

Télécharge plus de 150 samples et presets gratuits dans notre pack caritatif Community Drive, et découvre comment Girls Make Beats se mobilise en faveur de l'égalité des chances dans l'industrie musicale.

Lorsque la productrice, ingénieure et chanteuse Tiffany “Delilah” Miranda s’est lancée dans le son à la fin des années 90 en Floride, elle a souvent entendu cette phrase : « Les filles ne font pas de beats ». Plusieurs décennies d’activité et d’activisme plus tard, Tiffany a choisi sa mission : s’assurer que les filles qui veulent produire, les ingénieures du son ou les DJ se sentent soutenues et confiantes, avec un accès aux ressources, aux connaissances et au mentorat. En 2011, elle a fondé l’organisation à but non lucratif Girls Make Beats, qui dispense à des participantes âgées de 5 à 17 ans des cours sur la production, l’ingénierie audio et le DJing, ainsi que des séminaires et des panels éducatifs, des camps d’été et des opportunités réelles pour briser les barrières de l’industrie musicale. Les participantes au programme ont remixé Janet Jackson, ont vu leur musique figurer dans Coming 2 America et ont produit de la musique pour un spot télévisé de Ford, tout en étant encadrées par des personnes comme Janelle Monaé, Angela Bassett et Omar Grant de Roc Nation.

Il ne fait aucun doute que les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans le monde de la production musicale. Selon une étude réalisée en 2020 par l’Annenberg Initiative de l’USC, le rapport hommes/femmes dans la production de 600 chansons populaires était de 38 pour 1. C’est pourquoi nous sommes fiers de nous être associés à Girls Make Beats pour notre initiative Community Drive 2021 – un pack de sons caritatif comprenant plus de 150 kits, sons, samples et presets de SOFI TUKKER, !llmind, Wize, Zola Jesus, Jamie Lidell, Flohio, Telefon Tel Aviv, Saltyyyy V, Phase Fatale, The Pocket Queen, Miss Tahloulah May, Stichiz et MEANGIRL, ainsi que des participantes à Girls Make Beats. Le pack Community Drive 2021 est entièrement gratuit – télécharge-le ici. Mais si tu le peux fais un don à Girls Make Beats, et passe le mot autour de toi ! La team Native Instruments est fière d’avoir contribué à hauteur de 30 000 dollars afin d’aider Girls Make Beats à étendre sa portée à travers le monde et à ouvrir la voie à un paysage musical plus inclusif. (Défile jusqu’à la fin de cet article pour plus d’informations sur les bourses d’études).

Vivian Host, présentatrice de Real Talk a rencontré Tiffany récemment pour échanger autour de sa longue carrière musicale, de ses collabs avec le label Luke Records d’Oncle Luke dans les années 90 en tant que chanteuse jusqu’aux studios de Soutch Beach où elle a travaillé avec Rick Ross, DJ Khaled, French Montana ou Cool and Dre. Elle revient notamment sur ses premières expériences en studio, qui ont inspiré la création de Girls Make Beats. Retrouve ci-dessous un extrait de leur conversation.

Tiffany « Delilah » Miranda, fondatrice de Girls Make Beats

Lorsque tu as décidé de passer d’une carrière de chanteuse à celle de productrice et d’ingénieure du son, quel a été ton système de soutien en dehors de ta famille ? Est-ce que tu t’es sentie accueillie ou tu as eu l’impression que les gens n’étaient pas vraiment enthousiastes à l’idée qu’une femme soit ingénieure ?

En fait, je n’ai reçu aucun soutien. Il est amusant de noter que la raison pour laquelle j’ai appelé mon collectif Girls Make Beats est que j’avais littéralement des hommes en studio qui me disaient « Girls don’t make beats ». Genre « Laisse-nous faire. Tu perds ton temps. C’est débile. » A l’époque, peut-être que mes prods étaient nulles. Je commençais littéralement à apprendre et il n’y avait aucune ressource. Je prenais le bus jusqu’à Barnes and Noble, je lisais des livres sur Pro Tools et j’essayais de poser des tas de questions en studio, mais l’atmosphère n’était pas favorable. C’est pour ça que le travail que l’on fait au sein de l’organisation me tient vraiment à coeur – créer ce safe space qui permet aux jeunes femmes de se lancer dans ces domaines.

Je me souviens de plusieurs situations auxquelles j’ai été confrontée lorsque j’étais jeune, des moments décisifs qui ont nourri mon désir de créer cet espace. J’en partage un avec vous. Quand j’avais 18 ans, un grand producteur m’a dit de venir au studio – il travaillait dans l’un des plus grands studios d’enregistrement de Miami à l’époque. Et j’étais super enthousiaste à l’idée de le rencontrer. Je venais de terminer une démo dont j’étais très fière – j’avais produit toute la musique, je l’avais mixée, j’avais fait tout fait de A à Z. Je suis entrée dans le studio et il était dans sa grande chaise de producteur avec tous les gars qui travaillaient pour lui autour. Il a écouté 20 secondes de deux de mes chansons, puis il a arrêté brusquement ma démo en me disant : « Ce n’est pas bon. Tu as besoin d’un producteur et d’un ingénieur, voilà à quoi tu dois ressembler et ce que tu dois chanter. » Et puis il a lancé cette chanson qui était si grossière, au point que j’étais gênée de l’écouter , « C’est ça ce que tu dois faire. » Il contrôlait la pièce – comme si tout le monde était à ses ordres. Ça a été un de ces moments forts pour moi en tant que jeune femme, en studio, où je me suis dit « Ce n’est pas cool. Il faut que ça change. »

Ce genre d’événements m’a poussée à apprendre autant que possible et à maîtriser tout ce que je fais. Je suis retournée dans mon home studio, j’ai continué à travailler. J’ai commencé à faire des stages dans des studios d’enregistrement, et là encore, j’ai été traitée de façon vraiment injuste. Pendant mon premier stage, il y avait des mecs qui arrivaient après moi, ils étaient défoncés et en retard, et parce qu’ils étaient les copains du gars du studio, ils pouvaient assister aux sessions. Je me souviens avoir supplié : « Est-ce que je peux au moins regarder le book SSL pendant que je suis assise au bureau à passer des coups de fil pour vous ? ». Et même ça, c’était genre « Non, tu n’as pas encore fait tes preuves. » Mais j’ai continué à assister discrètement à toutes les sessions possibles, à aller à toutes celles de mes amis, et à coproduire et mixer les sons autant que je le pouvais.

J’ai fini par faire mes premiers pas officiels comme ingénieure dans un studio d’enregistrement appelé SoBe Swag Labs. La première réaction des gens qui voyaient une femme derrière la console était intéressante. Certains me voyaient et disaient : « Alors, où est l’ingénieur ? » C’était inimaginable pour eux. J’avais obtenu ma certification Pro Tools par Avid et mes compétences étaient telles que j’étais la personne la plus rapide dans le studio. Ça m’a donné confiance et c’était inspirant pour moi d’arriver à ce niveau.

 

Quand et comment l’idée de Girls Make Beats t’est-elle venue et comment as-tu conçu le programme ?

J’ai créé Girls Make Beats parallèlement à ma carrière, en me basant toujours sur mes expériences de « fille qui fait des beats ». Je l’ai créé avec la vision de ce que j’aurais aimé voir exister pour moi, dans un environnement safe. À l’époque, je regardais autour de moi dans les studios et je ne voyais pas d’autres femmes comme moi. Il fallait donc créer un espace où les filles seraient sensibilisées à ce domaine incroyable, et leur assurer des perspectives de carrière.

Ma sœur Christine Miranda est la cofondatrice de l’organisation et elle est également avocate. Au début, nous avons investi toutes les deux dans un laptop, un contrôleur DJ Traktor et un contrôleur MIDI et nous nous sommes rendues aux journées d’orientation professionnelle dans les écoles de Broward Country, en Floride, qui avaient lieu à sept heures du matin. Nous voulions sensibiliser le plus grand nombre de filles possible aux technologies et leur permettre de les tester. Nous avons fait des petites choses pour attirer les plus jeunes – comme mettre des potards roses et violets sur les contrôleurs. Immédiatement les filles étaient plus engagées et elles voulaient jouer avec. Et c’était drôle parce que les garçons qui passaient devant ne voulaient pas y toucher, genre « C’est un jouet pour les filles ».

Ce projet s’est vraiment développé à partir de la base, et j’y ai mis tout ce que j’avais. Les relations que j’ai nouées au fil des ans dans l’industrie nous ont beaucoup aidé à développer l’organisation. Aujourd’hui, lorsque les filles entrent dans une classe de Girls Make Beats, elles ont accès à un équipement de pointe, à des cours dispensés par des professionnels…Elles ont pu cocher beaucoup de cases sur leur CV avant même d’avoir 18 ans. Certaines de nos filles ont fait un remix officiel pour Janet Jackson, qu’elle a pressé sur vinyle et interprété ; d’autres ont produit une chanson pour Nike Airmax day, une publicité Ford avec Angela Bassett, ainsi qu’une synchronisation musicale dans le film Coming 2 America.

 

Quelles sont les retours des participantes de Girls Make Beats par rapport aux obstacles qu’elles ont rencontrés, et comment elles interprètent le fait qu’encore si peu de femmes soient impliquées dans la production et l’ingénierie musicale ?

Tu as parlé de la représentation et de son absence. Je pense que c’est le premier obstacle, et le plus important. Lorsque les filles grandissent et que la seule chose qu’elles voient sont des poupées et des femmes en cuisine, comment peuvent-elles imaginer qu’il est possible de réussir dans ces carrières dominées par les hommes. Et puis, on voit encore peu de femmes dans les studios aujourd’hui – et j’en reviens à mon moi de 15 ans – peut-être que d’autres jeunes femmes qui arrivent n’ont pas assez confiance en elles pour oser dire « Hé, non, ce son ne me convient pas  » ou « Cette 808 doit frapper un peu plus fort » ou « Le tempo doit être un peu plus élevé ». La confiance en soi est aussi un énorme obstacle que notre organisation aborde à travers la représentation et la création d’un environnement sûr.

 

Quels sont les nouveaux défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes avec lesquelles tu travailles aujourd’hui, des choses ont changé dans l’industrie musicale peut-être ?

Je pense que la technologie a permis de changer la donne en termes d’accès à la production musicale. Tout est littéralement à portée de main et maintenant les filles peuvent contrôler leur espace créatif et se sentir à l’aise – elles peuvent produire et enregistrer dans le confort de leur home studio. Ça a été un énorme avantage pour nous en tant qu’organisation. L’inconvénient – et c’est valable pour les deux sexes – c’est que le secteur est inondé aujourd’hui et qu’il est difficile de faire remarquer son travail parmi les millions de beats qui sortent. Mais la technologie et les médias sociaux actuels ont permis aux filles de créer leur propre espace dans l’industrie et ça c’est super positif !

 

Comment l’année qui vient de sécouler a-t-elle impacté Girls Make Beats et quels sont les projets de l’organisation ?

Le COVID a rendu cette période très difficile pour tout le monde. Le côté positif, c’est que nous avons pu faire tomber beaucoup de frontières en travaillant avec les filles virtuellement. Au départ, Girls Make Beats a débuté à Miami. Puis nous avons fait une tournée nationale pendant deux années consécutives, avec des camps d’une semaine à Atlanta, New York, Las Vegas, Chicago, San Francisco et Los Angeles. Grâce au programme en ligne, nous avons pu travailler avec des filles du monde entier, notamment au Royaume-Uni et au Brésil. L’objectif de l’organisation est vraiment de devenir un mouvement mondial. Quand on pense que les femmes représentent moins de 3 % des producers, cela a un impact tellement profond sur la culture. La musique influe sur la façon dont l’on interagit les uns avec les autres, sur ce que l’on porte, sur la façon dont on se traite mutuellement. Si les femmes ne sont pas pleinement représentées dans ces domaines, nous ne sommes pas représentées dans notre véritable authenticité. C’est pourquoi nous tenons à donner aux filles les moyens de créer leur propre musique, diffuser leur énergie et influencer la culture. En ce moment nous développons notre modèle de club Girls Make Beats sur Spotify, qui permet aux filles de créer leurs propres clubs Girls Make Beats dans leurs écoles, et d’avoir accès à des professionnel(le)s de l’industrie, à des masterclasses et des ateliers, ainsi qu’à des excursions. Il y a deux semaines, nous avons emmené un groupe de filles de Los Angeles au studio du président des Grammy, Harvey Mason, Jr. Nous projetons de déployer les clubs dans certaines régions durant l’année scolaire. Ce qui nous tient beaucoup à cœur aussi, c’est travailler spécifiquement avec des filles dans des communautés défavorisées pour leur offrir ce type d’équipement auquel elles n’auraient peut-être pas accès autrement.

 

Y a-t-il une chose que tu voudrais voir dans le futur au sein de la technologie musicale ?

Ce que j’aimerais voir, c’est une plus grande visibilité des femmes dans les campagnes, et plus de marketing tourné vers les filles et les jeunes femmes. Même le fait de penser à la conception de l’interface utilisateur de certains produits et savoir à qui ils s’adressent pourrait contribuer faire évoluer le discours et le débat.

Télécharge le pack de sons Community Drive ici. Le pack est gratuit, mais nous encourageons toutes les personnes qui le peuvent à faire un don.

Découvre le site GirlsMakeBeats.org.

Pour plus d’informations sur les bourses d’études Girls Make Beats, rendues possibles en partie par NI, rendez-vous sur girlsmakebeats.org/register.

Télécharge notre pack Community Drive de 2020 ici.

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